La Méridienne
Janine s’est inspirée à plusieurs reprises d’Ophélie, ce personnage de Shakespeare qui, délaissée par Hamlet, se laissera mourir dans une rivière. Encore un tableau qui permet de multiples interprétations. On peut y voir quelqu’un sombrant dans le sommeil, ou le néant. Pourquoi pas l’allégorie de la déliquescence de la peinture en cette fin de vingtième siècle ?
L’art suppose du talent et beaucoup de travail. Dans le silence de leur atelier, les artistes authentiques ne s’offusquent guère de voir leur profession être gangrénée par l’« art contemporain ».
Le public, quant à lui, finit par être exaspéré par cette prétendue forme d’art qui a l’outrecuidance de s’approprier un mot prestigieux, et même notre époque.
En donnant dans le non-sens, la laideur, la provocation, le spectaculaire, on serait donc un « artiste » aujourd’hui ? Objet de spéculation pour quelques milliardaires incultes, ce pseudo art qui a fait table rase de siècles de création laborieuse, ne devrait pas tarder à rejoindre le néant dont il est issu.
Quand on méprise le passé, il faut craindre un avenir impitoyable.
Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010