Chat Bleu
Au temps de l’Égypte ancienne, les chats étaient considérés comme des divinités, dignes d’être momifiés. Janine s’intéressera surtout à la sublime plastique des félins. Bien qu’elle possédât un chat persan de couleur écaille de tortue, elle n’en peindra aucun de manière réaliste.
Un des grands apports de la peinture occidentale à l’histoire de l’art sera l’affranchissement des contraintes de la nature. Les artistes s’autoriseront toutes les audaces au nom de cette liberté créatrice. Pour souligner au mieux la pose altière de ce chat, un bleu soutenu s’est imposé. Dans le fond bleuté, une architecture de coupoles nous suggère peut-être les mosquées d’Ispahan ? Ou serait-ce l’œil perçant qui indique l’origine de l’animal ? En tout cas, celui-ci est hors norme et semble vouloir sortir du cadre étroit dans lequel il est confiné.
Malgré ses dimensions réduites, ce tableau possède la monumentalité du sphinx de Gizeh. Cette magie de l’art avait déjà frappé Diderot lorsqu’il écrivit en 1759, ces quelques lignes à propos de Chardin : « Il a le faire aussi large dans ses petites figures que si elles avaient des coudées. La largeur du faire est indépendante de l’étendue de la toile et de la grandeur des objets. Réduisez tant qu’il vous plaira une Sainte Famille de Raphaël et vous n’en détruirez point la largeur du faire. »
Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010